Sophie

Sophie

Ces dix dernières années, j’ai vogué d’intérims en CDD grâce à l’une ou l’autre aide à l’embauche de l’état (comme Activa par exemple). Avant 30 ans ça allait, mais maintenant j’aimerais que mon travail soit valorisé et je voudrais aussi atteindre une certaine stabilité. Je suis révoltée: on m’a éduquée à « travail = récompense » mais maintenant au boulot, on te pousse à toujours plus de rentabilité et tu ne reçois aucune considération. Ca m’est arrivé, j’ai fait un burnout et aujourd’hui, retrouver un emploi me fait peur. J’aimerais travailler pour une personne en qui j’ai confiance et je voudrais que mon travail m’apporte du bien-être avant tout. Au quotidien, la solitude est très présente. Excepté ma compagne, la plupart de mes liens sociaux sont brisés. Evidemment, avec tes amis tu parles boulot… C’est logique puisque tu y passes huit heures par jour! Mais moi, je n’y passe même pas une minute… Quand on me demande ce que je fais, je réponds: « gestionnaire de temps libre ». Je tourne ça en dérision pour masquer ma gêne et tenter de diminuer ma culpabilité. Plus le temps passe, et moins tu peux justifier ces trous dans ton CV… Et ce n’est pas faute d’essayer de les combler mais à force d’essayer stérilement, au bout du compte, ton estime de toi en prend un sacré coup. Plus tu continues à envoyer des CV, plus tu te détruis moralement de ne rien recevoir en retour ou d’essuyer des refus…

Sophie, 32 ans, travaillait comme serveuse dans la restauration. Elle s’est fait renvoyer de son dernier job au cours de sa période d’essai. Elle pense que cela est dû à des raisons économiques, mais également à son orientation sexuelle. Être au chômage lui déplaît mais elle essaie tout de même de trouver du positif: sans cela, elle n’aurait pas découvert comment vivre dans la simplicité.